La prison de Montluc - © Frédéric Bellay
| | Parmi les lieux de mémoire majeurs de l’agglomération lyonnaise, la prison de Montluc et la maison du Dr Dugoujon ont récemment été aménagés de façon à recevoir le public. La visite de ces lieux de mémoire permet une approche complémentaire de celle du |
Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, illustrant la force de la répression qui s’est abattue sur les résistants et les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
La prison de Montluc
Réquisitionnée par l’armée allemande en 1943, la prison de Montluc était un maillon important du système de répression nazi. C’est là que furent incarcérés Jean Moulin et les membres de l’état-major arrêtés à Caluire le 21 juin 1943 ; André Frossard, les enfants de la colonie d’Izieu ont également transité par ces cellules, aux côtés de 8.000 autres détenus. La prison n’avait alors pas vocation à l’internement, mais était utilisée comme un lieu de transit. Les résistants et les Juifs étaient régulièrement amenés au siège du Sipo-SD pour être interrogés le plus souvent sous la torture. Le passage à Montluc n’était généralement qu’une étape douloureuse dans un itinéraire menant à la déportation ou l’exécution. En 2010, la prison a été transformée en mémorial ouvert au public.
La maison du docteur Dugoujon
Après l’arrestation à Paris du général Delestraint, chef de l’Armée secrète, Jean Moulin souhaite au plus vite réorganiser la Résistance. Une réunion de l’état-major, regroupant les chefs de file des mouvements résistants, est prévue, le 21 juin 1943 à Caluire, dans la maison du docteur Dugoujon. C’est là que les nazis arrêtent Jean Moulin, Emile Schwarzfeld, Raymond Aubrac, André Lassagne, Bruno Larat, Albert Lacaze, Henri Aubry et René Hardy. La maison a été réhabilitée en 2010 pour dévoiler au public son aspect originel.
Cinq années de guerre à Lyon en 10 dates
19 juin 1940 : Les Allemands entrent dans Lyon ; la ville est alors occupée pendant quelques jours.
7 juillet 1940 : Les accords de l’Armistice, signés le 22 juin, placent Lyon en zone non occupée : les Allemands quittent la ville.
1941 : Lyon exerce un pouvoir d’attraction sur les Français de la zone nord grâce aux facilités qu’elle offre pour la vie clandestine. Des mouvements non conformistes, en capacité d’agiter l’opinion publique, se forment ; la presse se structure et Lyon voit la naissance des titres Libération-Sud, Franc-Tireur, Combat et Cahiers du témoignage Chrétien.
11 novembre 1942 : La pression allemande s’accentue avec l’organisation des premières rafles à Lyon. Parallèlement la Résistance s’organise sous l’impulsion de Jean Moulin. Dans ce contexte, l’armée allemande envahie la zone sud. Lyon est de nouveau occupée.
21 juin 1943 : Jean Moulin est arrêté par la Gestapo lors d’une réunion organisée à Caluire-et-Cuire, dans la maison du Dr Dugoujon. Il est incarcéré, à Montluc et interrogé par Klaus Barbie à l’Ecole du Service de santé militaire. Grièvement blessé à l’issue de ses interrogatoires, il est envoyé vers l’Allemagne et décède durant le trajet, le 8 juillet.
26 mai 1944 : Le bombardement allié, destiné à neutraliser les installations ferroviaires, touche sévèrement le quartier Jean Macé et détruit partiellement le siège de la Gestapo.
24 août 1944 : Les syndicats appellent à la grève générale pour freiner les activités de l’occupant. Dans le même temps, l’insurrection de Villeurbanne éclate et la prison de Montluc est libérée.
2 septembre 1944 : Les Allemands quittent la ville et font sauter les ponts dans leur retraite.
3 septembre 1944 : Lyon est libéré.
14 septembre 1944 : Le général de Gaulle reçoit un accueil triomphal. Lors de son discours prononcé devant une foule en liesse, il déclare Lyon "Capitale de la Résistance".