| Il y a quelques années déferlait sur les ondes le rythme chaloupé d'un air vantant un rêve que tout le monde fait : "vivre simplement de pêche". Un rêve d'eau, de vent et d'océan. Si pour Laurent Voulzy, ce rêve est empêché, succès musical oblige, il est en revanche une réalité pour Jean-Claude Gaiffier, l'un des dix pêcheurs professionnels du Lac du Bourget. Embarquement ! |
"J'ai toujours été un mordu de l'hameçon" se souvient Jean-Claude Gaiffier. De par mes "amarres" familiales d'abord : mon grand père et mon père étaient pêcheurs. Je n'ai pas nagé à contre-courant de ce qui était pour moi plus un plaisir qu'une passion. Avec un CAP de cuisinier et de pâtissier en poche, je me suis lancé dans la restauration, me fournissant moi-même en poissons. J'ai été ainsi dix ans durant à la barre de la Bodega à Chambéry, préparant mes propres recettes. Aujourd'hui, je ne fais plus que de la vente sur le marché d'Aix-les-Bains." Un lieu où Jean-Claude prodigue à ses clients de précieux conseils sur les mille et une façons d'accommoder sa pêche. L'image d'Epinal du pêcheur somnolent est vite écartée : "Vivre de la pêche est difficile, confie t-il, surtout si l'on est seul. Nous sommes très dépendants de la météo : un coup de vent violent et la barque reste au port. Notre profession est aussi la seule qui soit régie par des horaires : hors période estivale, les sorties ne sont autorisées qu'à partir de 3 h après le lever du soleil jusqu'à 2 h 30 après son coucher. Le week-end, un arrêté préfectoral nous interdit d'exercer du samedi 10 h au dimanche soir 17 h, afin de laisser la place au tourisme et à l'amateurisme ". Et le pêcheur professionnel d'ajouter : " Nos journées sont chargées, rythmées entre autre par la levée des filets le matin, leur repassage, afin de les démêler et les remettre bien à plat sur une perche. Il y a ensuite leur montage, une tâche qui consiste à attacher le "chalam" de dessus (bouée) et le "chalam" de dessous (plomb) afin que le filet se tienne bien droit au fond du lac. Reste ensuite à préparer les poissons au sein du laboratoire, les nettoyer, les effiler, et les mettre en caisse pour la vente. Ensuite, il faut reposer les filets jusqu'à la nuit. Et recommencer encore." Malgré ces conditions, nombreuses sont les demandes pour obtenir la licence que la Direction Départementale de l'Agriculture et des Forêts attribue aujourd'hui entre les dix pêcheurs professionnels autorisés sur le lac du Bourget. Le rêve du pêcheur a donc encore de beaux jours devant lui.
Fabien Guichardan, pour le journal mensuel d'information Alp'Horizon, Chambéry, mai 2004. |
Les filets autorisés s'appellent les " mirandeliers ", une sorte de filet à friture avec une maille de 9 mm. Les filets dont la maille est supérieure à 30 mm ont diverses dénominations dont : araignée (pics), pics bremiers, araignée ordinaire (simple toile), filet à Omble, type tramail, nasses lignes dormantes de 100 m, lignes traînantes ou balance à écrevisses. |
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