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Passage de Hannibal
| | Située à l’entrée de la vallée de la Maurienne, voie de communication par excellence, Aiguebelle a vu passer de nombreux et illustres visiteurs… sur la route du Piémont et de l’Italie. Dans les années 200 avant JC, Hannibal, parti à la conquête de Rome, aurait rejoint la Maurienne par le col du Cucheron, les Hurtières et Charbonnière. Au temps des Gaulois, c’est le peuple des Allobroges qui occupe dans notre région. Charlemagne en 763, passant d'Allemagne en Italie, s’arrêta à St-Jean-de-Maurienne où il entreprit d’organiser la Savoie. D’après la Chanson de Roland, l'épée de Roland, "Durandal" aurait été fabriquée aux Hurtières avec le fer des mines.
Aiguebelle avait un prieuré sous le vocable de St-Etienne, dépendant de l'abbaye de la Novalaise en vallée de Suse. La collégiale de Ste Catherine, fondée en 1258 par Pierre d'Aigueblanche à Randens, était appelée collégiale d'Aiguebelle, car les deux villages n’en faisaient qu’un. Randens n'a été détaché d'Aiguebelle qu'en 1738 Le site du château de Charbonnières (Castrum carboneria) a été fortifié au XIème siècle et devient la résidence des premiers comtes de Maurienne. Ceux-ci avaient à Aiguebelle un atelier monétaire qui frappait la plus ancienne monnaie de la Maison de Savoie : le denier d’Aiguebelle. La châtellenie d’Aiguebelle qui s’étendait jusqu’à La Chambre devient une baronnie en 1590 puis en 1768, l’évêque de |
Maurienne cède sa souveraineté au roi de Sardaigne. Mais jusqu’en 1953, les évêques de Maurienne porteront le titre honorifique de Princes d’Aiguebelle.
Le Château de Charbonnière
| | De nombreux éléments firent de cette fortification une place forte : un roc déboisé (moraine glaciaire), facilitant la surveillance de l’ennemi, des falaises escarpées, une cime couronnée de murs et de casemates. De nombreux sièges se sont déroulés devant la forteresse de Charbonnière :
- 1536 : François 1er, alors roi de France, désire reconquérir le Milanais. Ses troupes incendient et saccagent Aiguebelle et Randens en traversant le territoire de la Savoie car le Duc de Savoie, Charles III n’a pas accepté les revendications françaises sur les territoires de Nice, d’Asti et du Faucigny. Par |
le traité de Cateau-Cambrésis, le Duc de Savoie Emmanuel-Philibert récupère une grande partie de son territoire, à l’exception de Turin notamment. Il remet en état la place forte et le dote de fortifications.
- 1597 : Le Duc de Lesdiguières, fidèle au roi Henry IV, lieutenant général, défend le Dauphiné contre les empiètements du Duc de Savoie. Il s’empare du fort Barreaux près de Pontcharra, des châteaux de La Rochette et de Chamousset, et commande le siège du château de l’Huile, qui contrôlait la route du col du Cucheron, qu’il prit à l’aide trois canons. Il prend ensuite le Château de Charbonnière. Celui-ci est récupéré en 1598 par le Duc Charles-Emmanuel 1er.
- 1600 : La forteresse de Montmélian était l’enjeu militaire principal de cet épisode de la guerre de Savoie, car c’était une des places les plus fortes d’Europe. Après la prise de la ville de Montmélian, le roi Henry IV et son ministre Sully, laissèrent le sort de la forteresse en attente, et s’occupèrent des autres places fortes : c’est ainsi que les garnisons de Chambéry, de Conflans, qui gardait l’entrée de la Tarentaise, et de Miolans, quoique pourvues de fortes garnisons, se rendirent avant le premier assaut, face à l’énorme artillerie dont était équipée les armées d’Henry IV. Le château de Charbonnière qui était la clef de la Maurienne, fort de sa situation exceptionnelle, crut pouvoir tenir bon. Mais profitant d’une nuit obscure et pluvieuse, créant de plus une diversion sur un autre point, des soldats hissèrent des canons à force de bras sur les sommets dominant le château. Une batterie de 12 canons tira sur Charbonnières plus de 600 coups en quelques jours et la garnison capitula. Dès lors la Maurienne était ouverte et fut soumise très rapidement, à l’image de St Jean de Maurienne. Puis, Moutiers et Briançon tombèrent aussi. Enfin, quelques mois plus tard, la citadelle de Montmélian fut prise après avoir été bombardée sans interruption. La forteresse de Charbonnière, très endommagée fut en partie reconstruite.
- 1630 : le maréchal Charles de Créqui, commandant une des armées de Louis XIII, l’armée du Piémont, sous les ordres du Cardinal de Richelieu, s’empara de Chambéry, d’Annecy, de Miolans, de Montmélian et de Charbonnière.
- En 1690, le marquis de Saint Ruth, commandant les armées de Louis XIV, fait effectuer des réparations sommaires, après avoir envahi et occupé toute la Savoie.
- 1743 : dernier siège et destruction du château de Charbonnière par les espagnols alors que les troupes sardes (la Savoie appartenait à l’époque au Royaume de Piémont-Sardaigne) coupèrent tous les peupliers du secteur d’Aiguebelle-Randens pour préparer la défense du château. Les troupes espagnoles avaient pénétré la vallée par le Galibier et Valloire.
Le château ne sera jamais reconstruit.