La Chapelle de Bellevaux, vestige du passé, vit au cœur d'une végétation particulièrement abondante où les oiseaux, sangliers et autres gibiers ont repris leur vie sauvage.
Maintenant, ce site appartient à la réserve de chasse naturelle des Bauges, où se dressait autrefois un prieuré bénédictin fortuné et influent qui fut détruit et brûlé au cours de la seconde guerre mondiale avec son village.
Histoire du site
Venus de Lons-Le-Saunier, des moines s'installèrent en 1090, dans ce lieu retiré et silencieux, sous la demande du seigneur de Miolans qui leur donna les terres afin d'y construire un monastère.
En 1654, un piémontais Louis Turinaz, qui voulait construire une usine sidérurgique sur les bord du Chéran, demanda l'autorisation aux moines propriétaires des terres convoitées. Ces derniers acceptèrent et travaillèrent aussi pour lui. Ils effectuaient ce travail dans des "maisons" où il y avait un haut fourneau, une fonderie, deux martinets et une martinette.
Cette industrie connut du succès et entraîna la construction d'autres bâtiments dans les Bauges grâce à un environnement naturel propice : des forêts riches pour alimenter le haut fourneau, la vigueur du Chéran pour entraîner les martinets et les moines.
Le minerai de fer,faisant défaut, est récupéré à dos de mulets dans la vallée des Hurtières en Maurienne.
Cette réussite entraîna une sédentarisation des paysans qui ne partirent plus en hiver pour nourrir leur famille.
En 1814, quarante neuf clouteries fonctionnaient dans tout le massif des Bauges. Les clous sont très utilisés : charpentes, tuiles de bois, semelles des galoches.
Les conditions de travail dans ces fonderies étaient extrêmement pénibles. La journée de travail débutait à deux heures du matin et se terminait à vingt heures, dans une atmosphère de gaz carbonique et d'oxyde de carbone, au cœur d'un environnement glacial.
L'ouvrier le plus habile pouvait fabriquer jusqu'à douze clous à la suite.
La productivité était de deux à six kilos de clous par jour et par ouvrier.
En 1775, grâce à leur réputation, les cloutiers des Bauges vont fournir le château des Ducs de Savoie.
Cependant, ce succès suscitant jalousies et contentieux, les moines furent accusés de détruire la forêt par des coupes de bois excessives. En 1729 et 1770, les coupes de bois vont alors être réglementés par des lois. D'autres conflits nuiront à la rigueur de vie des moines du prieuré qui fermera en 1788.
L'abbaye subit d'autres désagréments au cours de l'histoire : guerre entre Français et Savoyards, clocher rasé au nom du principe d'égalité, et sa vente comme "bien national" la transforma en grange à foin où en 1825 un incendie la ravagea. Enfin pendant la seconde guerre mondiale, les allemands brûlèrent tout le reste.
Aujourd'hui, en souvenir, un pèlerinage se pratique chaque lundi de Pentecôte jusqu'à l'ancienne chapelle.
Ce lieu est le départ de plusieurs promenades : une balade pour aller jusqu'à la chapelle puis au village en ruine, et le départ pour l'ascension du Pécloz (2197 mètres) pour marcheurs de montagne avertis.
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