Accueil CultureHistoire de la Savoie Isidore de Conflans, un cas à couper le souffle

Isidore de Conflans, un cas à couper le souffle

Isidore de Conflans, un cas à couper le souffle

Déssin réalisé par Sébastien C., ancien élève à l'ENAAIVoilà une histoire authentique qui se passe une année avant le rattachement de la cité de Conflans à la nouvelle Albertville. Les faits sont relatés dans une délibération officielle du 13 décembre 1835, l’une des dernières prises d’ailleurs par le conseil municipal de Conflans.

En 1835, Isidore avait vingt ans. Nous tairons volontairement son nom par délicatesse pour ses descendants qui vivent dans notre région.

Le 11 décembre de cette année, par malchance, il tira un mauvais numéro : le 78. Cela lui imposait de rejoindre quelques mois après le corps d’armée qui lui fut assigné. Seulement, dans le giron familial, son départ fut mal perçu. Après maintes discussions, une stratégie se mit en place. Le secrétaire communal adjoint de Conflans, François Blanchottit  enregistra la requête du père d’Isidore. Depuis de nombreuses années, ses parents se plaignaient en effet d’un vice dans l’haleine de leur fils. Ils n’hésitèrent pas à confirmer que les Sieurs Claude Guillot et Jean-Marie Gonnier en étaient les plus touchés pour avoir travailler de très près avec Isidore, dans de nombreuses besognes quotidiennes.

« Il était clair qu’Isidore, fils de Joseph de Conflans, souffrait depuis sa naissance, d’une haleine infecte… »

Dessins réalisés par Sébastien C., ancien élève à l'ENAAI

Dessins réalisés par Sébastien C., ancien élève à l’ENAAI

Les cas de réforme du service militaire étaient connus : physiques, psychologiques, sociaux notamment en qualité de soutiens de familles. En revanche, oser sinon poser l’haleine au verdict des membres du conseil de révision, tenait clairement de l’originalité ! Un comité de soutien au jeune homme se constitua non pas au pied levé, mais preuves à l’appui pour assurer la dispense du Conflarain. Sur l’acte consulaire, sont ainsi apposées les signatures de Joseph, père d’Isidore, de plusieurs témoins, du syndic et même dudit secrétaire communal de Conflans.

Devant le conseil de révision, comparurent les Sieurs Claude-Antoine Gindre et Jean Marie Bonvin, Pierre et Claude Guillot, Pierre Grat-Bonvin et Jean-Marie, le fils de Claude Gonnier. Les six propriétaires étaient d’honnêtes cultivateurs, nés et domiciliés à Conflans ; les quatre premiers d’appréciés chefs de familles. Le concours de ces hommes d’honneurs et de probité éclaira donc le conseil de révision, tous comptants parmi les plus proches voisins de l’habitation du jeune conscrit. Leurs attestations furent unanimes. Après les remontrances ordinaires sur l’importance du sermon, sur les peines divines et humaines qu’encouraient les parjures, après avoir prêté serment sur les saintes écritures, tous tinrent une même déclaration. En leur âme et conscience, il était clair qu’Isidore, fils de Joseph de Conflans, souffrait depuis sa naissance, d’une haleine infecte qui se montrait même repoussante en différents temps.  » Elle est ordinairement plus forte le matin que le soir !  » témoignèrent-ils.

Tous les jours, les diverses fréquentations de sa famille et de lui-même souffraient de cette répugnante influence olfactive. Comme bons voisins, ils travaillaient la terre ensemble, sur des parcelles mitoyennes de celles que détenait le père d’Isidore. Là aussi, malgré le grand air, les témoins l’assuraient : ils s’apercevaient vite de sa mauvaise haleine. Un détail précis fut même apporté : le fait était constaté  » surtout lorsque tout le monde est à jeun, et moins après les repas  » ! Quelles suites attendaient le jeune Isidore, l’acte consulaire ne le révèle pas. Quelle fut l’attitude des autorités civiles et militaires face à cette curieuse requête ? La réponse n’est hélas pas consignée dans le procès-verbal. Isidore fut-il dispensé d’accomplir son service militaire ou, au contraire, ses malheureux compagnons de régiment furent-ils exposés, tant à Chambéry qu’à Turin à la nuisance constante de son haleine durant les quelques années de leur service ? Une chose est sure par contre, la ravissante Conflaraine prénommée Agathe ne craignit pas de subir de près comme de loin l’haleine fétide attachée à Isidore. Les deux tourtereaux s’épousèrent pour le meilleur et le pire, à Conflans en 1839.

La rumeur raconte que dans la cité, la nouvelle se colporta sans doute ni odeur suspecte, « de bouche à oreille » !

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