Le Fardier
| | Une solution au transport des canons
Soutenu par le Duc de Choiseul, ministre de la Guerre sous Louis XV, et par le général Gribeauval, éminent spécialiste en artillerie, le projet de Cugnot représente alors une solution au problème du transport des canons lourds. Les essais du 23 octobre 1769 sont concluants. Cugnot augmente la cylindrée, met au point une |
chaudière disposant de tous les accessoires de l’époque : soupape de sûreté, contrôle des niveaux, alimentation en eau sans laisser échapper la vapeur.
Fin 1770, c’est le plein succès : le fardier (chariot utilisé pour le transport de lourdes charges) roule à la vitesse de 4 km/h, supporte une charge utile de 4,5 tonnes et son autonomie est de 1 heure et 15 minutes. Ses dimensions sont impressionnantes : 7,25 m de long et 2,19 m de large. Les roues arrière font 1,23 m de diamètre. Il ne pèse pas moins de 2,8 tonnes à vide et près de 7 tonnes en charge. Lors d’une démonstration, le fardier connaît le premier accident de circulation, à la suite d’une erreur d’évaluation des distances de freinage. Impossible de ralentir à temps, le fardier, lancé à sa vitesse maximale de 5 km/h, défonce un mur de pierre et endommage sérieusement sa chaudière. Faute de moyens financiers, il est sommairement réparé et remisé dans les entrepôts de l’Arsenal de Paris.
Après des démarches infructueuses auprès de nouveaux mécènes, Nicolas Joseph Cugnot arrête ses travaux de mise au point de la première automobile : l’aventure avant-gardiste est stoppée par la Révolution Française. Miraculeusement conservé, le fardier est actuellement exposé au Conservatoire des Arts et Métiers à Paris.
La petite histoire du fardier
Le 23 octobre 1769, Nicolas Joseph Cugnot s’affaire fébrilement autour d’un gros chariot. A la place des chevaux habituels, une sorte de grande cuve en cuivre dans laquelle brûle un feu de bois. D’autres hommes, en habit et chapeau, se tiennent à l’écart, le regard inquiet fixé sur l’engin d’où commence à s’échapper des volutes de fumée accompagnées par des sifflements de marmite bouillonnante. Nicolas Joseph Cugnot grimpe sur le chariot et s’installe sur un banc de bois. Il pose sa main sur un levier, attend quelques secondes et d’un geste décidé ouvre la vanne qui, brusquement, laisse échapper de la vapeur. L’engin s’ébranle et fait un bond en avant tout en lâchant des jets de fumée et de vapeur d’eau, un cri s’élève : "La machine à feu avance ! Elle avance toute seule !…".
Celui grâce à qui le fardier roule toujours
Alain Cerf, français résidant aux Etats-Unis est amateur d’automobiles anciennes et fondateur du Tampa Bay Automobile Museum (Floride). Il a décidé de faire revivre le fardier, en le reconstruisant à l’identique. L’original ne peut plus être remis en route car sa structure en bois est affaiblie et la chaudière n’est plus en état de fonctionnement. Un livre d’Alain Cerf sur la vie de Cugnot, l’ingénieur visionnaire, est paru en 2011.