Pour la première fois depuis le départ de la Route du Rhum – La Banque Postale, dimanche à Saint-Malo, la très grande majorité des leaders des divers classements mardi matin ont pu préserver leur suprématie l'espace de 24 heures.
Tel est le cas de Lionel Lemonchois (Gitana 11) qui, au classement des multicoques Orma établi ce matin à quatre heures, possédait 61,4 milles d'avance sur Pascal Bidégorry (Banque Populaire). Le Normand avait, paradoxalement, accru son avantage après avoir, involontairement, dormi… quatre heures d'affilée. " C'est la première fois que j'ai l'impression d'avoir vraiment dormi ", lançait-il, d'une voix enjouée.
La durée inhabituelle de ce sommeil n'avait pas été programmée, et l'entourage de Lemonchois n'a pu y mettre un terme qu'après plusieurs tentatives infructueuses. Gitana 11 était alors sous gennaker et progressait à quinze nœuds. " C'était clair. Heureusement, on avait fait de bons choix, on s'en sort bien ! ". En fin de nuit, le vent avait forci et Lemonchois était lancé à 28 nœuds " sur une piste de danse ", sur la route. Il gardait un œil sur Yvan Bourgnon (Brossard) et Pascal Bidégorry (Banque Populaire), sur Thomas Coville (Sodeb'O, plus au nord) et imaginait un retour express de Franck Cammas (Groupama) dès l'arrivée des alizés, dans 24 heures, selon lui. Lemonchois expliquait qu'il avait pu créer un léger écart en évitant soigneusement le dévent des îles aux Açores. " Mais, concluait-il, 60 milles d'avance en multicoque, ce n'est rien, ça peut changer très vite ". Il ne passe guère de temps dehors. " Mon pilote est beaucoup plus concentré que moi, je le laisse faire depuis 48 heures ".
Chez les monocoques IMOCA, la bataille fait toujours rage entre Roland Jourdain (Sill et Veolia), qui s'était porté au commandement en prolongeant un bord plus à l'ouest et Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), contraint, pour sa part, de plonger pour se débarrasser d'un objet aussi mou qu'encombrant la nuit précédente. Roland Jourdain déplorait a posteriori d'avoir touché moins de vent un peu plus dans l'ouest mercredi soir. Il envisageait " un empannage à gérer dans la journée pour la passage des Açores ". Jourdain a par ailleurs souligné que le trio de tête, qu'il compose avec Virbac-Paprec (à 25,6 milles) et VM Matériaux (Jean Le Cam en embuscade à 45,2 milles) " risque de passer un bout de temps en tête et d'y faire l'accordéon ". Son alarme a retenti lors de la vacation matinale. " Ce n'est rien, a-t-il aussitôt rassuré. J'habite près de la caserne et les pompiers font des exercices ".
Si, en monos IMOCA, Jourdain, Dick et Le Cam ont creusé l'écart, la situation est plus compliquée chez les 40 pieds. Gildas Morvan sur Oyster Funds demeure en tête. " Cette situation ne me surprend pas, explique-t-il, les bateaux sont très proches ". Morvan a attaqué un peu hier, avant de toucher 35 nœuds de vent la nuit dernière. Le bateau avançait à 19 nœuds lorsqu'il s'est allongé dans sa couchette. " Le bateau va bien, le bonhomme aussi ", s'est-il réjoui. " La route est encore longue, il va se passer des choses. Il reste environ 2 700 milles et il y aura plein de coups à négocier. Mais je suis content de ma position ".
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