Compte tenu de sa position stratégique permettant aisément de contrôler les transits, le rocher de Bard a été fortifié dès l'époque pré-romaine; toutefois les documents qui en témoignent datent de beaucoup plus tard. Certains historiens placent ici la garnison militaire (clusurae augustanae) installée par le roi Ostrogoth Théodoric au début du VIe siècle. La première citation d'un édifice fortifié remonte à 1034; il appartenait au vicomte d'Aoste, Boso, dont les descendants conservèrent la seigneurie de Bard jusqu'à la première moitié du XIIIème siècle. Conquis en 1242 par Amédée IV de Savoie, le château passa alors directement sous la domination savoyarde.
Un dessin de la seconde moitié du XVIème siècle retrace l'antique structure constituée d'un ensemble d'édifices dominés par un donjon carré et ceints par une dourtine de remparts munie de tours de guet. Un système de bastions descendait dans la vallée embrassant la totalité du bourg. En 1661, le duc Charles-Emmanuel II fit démanteler les places fortes de Verrès et de Montjovet et transféra toute l'artillerie à Bard qui, dès lors, devint le siège des forces armées du Duc de Savoie en Vallée d'Aoste. Au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, différents travaux d'agrandissement et de renforcement des structures défensives de la forteresse furent mis en oeuvre. La forteresse actuelle a été bâtie entre 1830 et 1838 sur les ruines de la fortification préexistante – que Napoléon Bonaparte avait fait raser au sol après sa courageuse résistance au siège de mai 1800.
Jamais assiégée depuis, la place est restée pratiquement intacte et représente l'un des meilleurs exemples de forteresse de barrage du début du XIXème siècle. Elle a été modernisée entre 1878 et 1880 pour accueillir les nouvelles pièces artilleries à canons rayés et à chargement par la culasse. Ayant perdu son utilité militaire, la Forteresse, devenue un dépôt de munitions et une prison militaire, en 1915 fut déclassée et désarmée. Elle sera définitivement rayée du service et abandonnée par l'Armée en 1975. En 1990, sa propriété est transférée au domaine régional de la Vallée d'Aoste.
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