| C entre pénitentiaire d'Aiton |
Sensibilisée aux appels du ministère de la Justice, Pascale Yvonnou a endossé l'uniforme de surveillant de prison. Attachée au seul centre pénitentiaire des deux Savoie, implanté à Aiton, cette maman de famille porte un regard philosophe sur ses missions. |
La seconde salve de sensibilisation publique aux métiers de l'administration pénitentiaire lancée par le ministère de la justice
a misé sur un slogan choc : la prison change, changez-la avec nous. Le principe n'est pourtant pas si éloigné de la réalité vécue par Pascale Yvonnou, surveillante au centre pénitentiaire d'Aiton. Difficile en premier lieu d'associer deux mondes qui cohabitent sans réciprocité. Si le personnel de " la Pénitentiaire " fait aisément " ressortir " l'attrait de ces missions, le citoyen " entre " rarement en discussion sur la prison. Pascale a franchi le pas depuis deux ans. Après de multiples expériences professionnelles, elle a intégré, pas réellement par vocation, comme 19 autres femmes l'équipe des 128 surveillants de l'établissement mauriennais. Aujourd'hui, le métier a révélé sa passion.
L'anneau bondé de clés lourdes comme des chaînes, le regard acide du maton, l'image est révolue. Pascale partage un leitmotiv avec ses équipiers : le contact humain. Si la surveillance est en premier lieu un métier d'autorité, la " gardienne " y voit surtout la préparation des détenues à leur retour à la liberté. " Il existe autre chose que l'image classique d'ouvrir puis fermer les portes, même si ces tâches rigoureuses sont importantes. Ce métier permet aussi de lier un contact social avec les détenus " explique-t-elle. Cassant le mythe du métier d'homme, Pascale Yvonnou a constaté que les rapports entre détenus ou prévenus et gardiens sont identiques quelque soit le sexe. " Tout est question de respect réciproque ". Si les fouilles corporelles lui sont interdites, la jeune surveillante juge cependant, avec recul, " qu'un peu de présence féminine en détention a plutôt tendance à apaiser qu'à envenimer les choses ". Au sein du noyau d'équipiers aussi, le regard et l'analyse croisés entre hommes et femmes renseignent sur les comportements. " Il faut savoir être à l'écoute, mais sans franchir la frontière " complète l'intéressée. Vouvoiement de rigueur et uniforme suffisent à replacer le contexte en cas de dépassement. Et contre toute idée reçue, son métier n'interfère nullement avec sa vie privée. Aménagé sur 3 journées par semaines, son emploi lui permet : " de récupérer mes enfants à l'école quasiment tous les jours ". Et puis 7 semaines de congés annuelles, c'est plutôt appréciable pour une maman. Les évolutions des missions, les départs en retraite et l'ouverture de nouveaux établissements appellent au recrutement de 8000 personnels sur 5 ans au sein de l'administration pénitentiaire. Au concours organisés au prochain semestre, Pascale Yvonnou est persuadée que les femmes sauront être aussi mobilisées que leurs compagnons. Histoire d'accompagner l'individu de la privation à la réinsertion !
L'administration pénitentiaire recrute en 2004.
Rens : 0 800 035 709 ou justice.gouv.fr
Raphaël Sandraz, journal mensuel d'information Alp'Horizon Savoie, Chambéry, mai 2004. |
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