Lieu de mémoire, d'histoire et d'arts |
Cet article est extrait du journal Alp'Horizon Savoie. |
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Le caveau des Augustins, blotti au centre du bourg de St-Pierre-d'Albigny, saisit ses visiteurs par la puissance des pierres qui portent ses murs séculaires. Ces traces de l'ancienne église monastique du XIVe siècle uni aujourd'hui passé et présent.
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L'ancienne église du couvent de la congrégation des Augustins, fondée par Jean de Miolans en 1380, le caveau des Augustins, blotti sous la mairie de St-Pierre-d'Albigny témoigne de quatre siècles au cours desquels les grandes familles nobles de Savoie lui destinèrent leurs sépultures. Abritant trois « saintes épines de la couronne du Christ », rapportées de Palestine par Jacques 1er de Miolans au XVe siècle, le couvent et son église furent en partie démantelés à la Révolution, ses caveaux reconvertis en caves à vins ou à fromages. Construite au XIXe siècle sur les vestiges de l'église des Augustins, la mairie de St-Pierre-d'Albigny offre donc aujourd'hui aux regards ces vieilles pierres puisées au pied de l'Arclusaz. Le caveau des Augustins en est la fidèle restitution. Les peintures et les colonnes de l'église monastique du XIVe siècle y sont clairement identifiables sous les lumières qui désormais caressent des pierres apparentes flanquées de cimaises. Les sépulcres des familles Miolans et Montmayeur reposent sous leurs lestes dalles tandis que deux magnifiques têtes sculptées, mises à jour dans l'enceinte de l'ancien couvent, offrent leurs sourires éternels aux découvreurs. Patrimoine culturel, cultuel et historique unique en Savoie, le caveau des Augustins a de tout temps été lié aux hommes. Parmi ceux-ci, Jean-Yves Duverney mobilisa dès 1995 la commune, le Conseil régional et le Conseil général pour réhabiliter ce qui était encore un ancien entrepôt municipal. La réussite de cette restauration tint aussi à l'implication concluante des élèves du lycée professionnel du Nivolet de La Ravoire. Dans leurs formations respectives, ils façonnèrent les ferronneries, la maçonnerie, les huisseries qui habillent désormais le lieu patrimonial. Le 6 juillet 2001 s'est ainsi ouvert un espace voûté, refuge des nombreuses traces du passé glorieux et épique de la Combe de Savoie, mais surtout une scène ouverte à toutes les expressions artistiques. Telle la volonté de rassembler initiée par les fondateurs du couvent depuis cinq cents ans, le Caveau des Augustins défend aujourd'hui une programmation culturelle riche. Exempte de mercantilisme, ces rendez-vous mensuels complètent les témoignages sonores des viticulteurs du pays, les dégustations, les expositions, les conférences, le théâtre ou les concerts qui s'y tiennent régulièrement. Récompensé du prix départemental 2002 des « Rubans du Patrimoine » décerné par la Fondation du Patrimoine, le caveau des Augustins prolonge ainsi une philosophie épicurienne où les cinq sens sont à chaque instant mobilisés, avec raffinement.
En mars 1380
Jean de Miolans, enrichi de son union avec Agnès de Roussillon, fonda un couvent d'augustins à St-Pierre-d'Albigny, alors que la famille de Miolans vivait son apogée. La construction de l'ensemble s'acheva au siècle suivant, après plusieurs donations. En 1405, François de Gruffy abonda à son tour à l'avancée du chantier, notamment pour la construction de l'église du couvent et de son choeur. Au siècle suivant, le bâtiment fut restauré par une aide d'Urbain de Lescheraine. L'église accueillit dès son origine les sépultures des nobles de la région dont, au centre du choeur, celle des Miolans, protégée d'une pierre tombale sculptée du blason familial. A côté reposait vraisemblablement Jacques de Montmailleur, dernier représentant de la lignée.
La tradition veut également que Jacques Iier de Miolans ait rapporté de son ambassade en Palestine, au début du XVe siècle, trois Saintes Epines de la couronne du Christ, conservées ensuite au couvent. Au décès de l'ultime descendante de la dynastie Claudine de Miolans, au XVIe siècle, le couvent fut cédé au Duc de Savoie. La communauté que Jean de Miolans voua au lieu saint resta, durant ces temps, forte de six religieux et de deux frères jusqu'au XVIIIe siècle. Le démantèlement imposé alors par la Révolution amena le bâtiment à la ruine. Les Saintes Epines furent alors transférées en l'église paroissiale avant de disparaître mystérieusement.
Raphaël Sandraz, journal mensuel d'information Alp'Horizon Savoie, Chambéry, mai 2004.
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