La vie musicale à la Chapelle
Amédée VIII, né en 1383 au château de Chambéry, aimait la musique et cette passion l'engagea à faire admettre cet art au rang d'une institution dans la vie religieuse de sa chapelle. Son épouse, Marie de Bourgogne, était bonne musicienne et jouait de l'orgue, en particulier celui nommé "Eschaquier" sorte de damier d'échecs pourvu d'un jeu de régale.

Animation musicale lors des Journées du patrimoine - Septembre 2008
|  | Son fils, le duc Louis, se liait d'amitié avec Guillaume Dufay, illustre musicien, chanteur, maître de musique, maître de chapelle, compositeur, qui séjourna à plusieurs reprises en Savoie. En 1450, la "chapelle des chanteurs" trouvait en la chapelle ducale le cadre qui lui convenait, élégance et beauté architecturales, tout autant qu'une généreuse acoustique pour le chant. Neuf chanteurs, un organiste, un trompette et trois clercs de chapelle constituaient les effectifs attachés à la personne du souverain. En 1460, aux cotés d'une vingtaine de chanteurs et |
musiciens résidants, d'autres venaient et repartaient au gré des échanges, apportant une substance artistique venue d'ailleurs. En 1469, Yolande de France faisait réaliser des grandes orgues, accrochées en cul de lampe au mur de la chapelle. Elles étaient l'oeuvre d'un facteur français nommé Jean Piaz, venu de Meaux. En 1476, la duchesse améliorait encore la chapelle musicale en créant le "collège des Innocents". C'est sous le règne de Philibert le Beau et de son épouse Marguerite d'Autriche que la chapelle ducale atteignait son apogée. Tous deux étaient attirés par les arts et par-dessus tout : la musique. Anthoine Brumel était nommé officiellement à la chapelle ducale en 1490. Au début du XVIème siècle, la chapelle ne comportait pas moins de 32 musiciens. En 1675, la seconde épouse de Charles Emmanuel II, Jeanne-Baptiste de Savoie Nemours, voulut, elle aussi, à la manière d'une réplique, doter la chapelle ducale de nouvelles orgues. Elle faisait appel, comme Yolande de France, à un facteur français : Etienne Sénot pour réaliser un instrument qui prit place en tribune dans un beau buffet oeuvre de François Cuénot, architecte de Sa Majesté.
Les guerres mettant à mal le duché de Savoie au milieu du XVIème siècle, la chapelle ducale se dégradait, les musiciens partaient, les chanteurs émigraient vers d'autres cours. Pour l'infortuné Charles III la musique n'était plus qu'un élément décoratif secondaire. Le collège des Innocents se réduisit, mais perdura cependant jusqu'en 1779. Seules des cérémonies exceptionnelles faisaient revivre la chapelle. Après la révolution, période de vague anticléricale à laquelle n'échappait pas la Savoie, il fallut attendre 1820 pour voir s'accomplir les premiers travaux de restauration. Plus près de nous, il faudra attendre 1975 pour que la chapelle, sous l'impulsion de la Société des Amis de la Ste-Chapelle fondée en 1962, retrouve un orgue de concert, exécuté par les facteurs d'orgues Walter et Théo Haerpfer de la Manufacture Lorraine de Grandes Orgues. Le nouvel instrument pris alors place dans le buffet de Cuénot, seul valeureux rescapé.
Depuis, la Société des Amis de la Sainte-Chapelle anime musicalement la chapelle en donnant chaque année de nombreux concerts. En 2006 elle créé "l'Ensemble Baroque de la Chapelle Ducale", constitué par près de 30 musiciens, chanteurs et instrumentistes, jouant sur des instruments baroques. Elle institue, notamment, un cycle mensuel de diffusion des oeuvres de Jean-Sébastien Bach de la haute teneur spirituelle que l'on sait. La chapelle ducale de Savoie renoue ainsi avec son prestigieux passé. |   |
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