| | Serrées dans l'étable, Charolaises, Thônes & Martaud et Pré-Alpes attendent patiemment l'heure de la délivrance. L'éleveur se réjouit également de l'arrivée du tondeur : "Leur laine est chaude et isolante. La tonte sert avant tout au bien être de l'animal : son corps a plus de chance de respirer ? De plus, elle permet un gain de volume et évite une trop forte condensation dans la bergerie". Celui qui va débarrasser moutons et brebis de leur épaisse toison installe dans l'étable un plancher de bois et une tondeuse électrique, avant de chausser ses souliers de feutre antidérapant. Bien stable dans son harnais, il saisit alors une brebis entre les jambes et, de sa main droite, effectue un étrange rituel : "au rythme d'un animal tondu toutes les 3 minutes, le travail peut paraître bien répétitif au novice. Pour nous, chaque tonte est différente". Car au-delà de la rapidité et de l'agilité, il y a une technique à maîtriser et c'est avec beaucoup de force et de douceur que Guillaume Dubourg parvient à amadouer les brebis : "Nous utilisons la technique néo-zélandaise : l'animal est tenu puis roulé entre les jambes, la main gauche tend la peau pendant que la main droite joue de la tondeuse !" Tout cela dans un ordre si précis, qu'au final, la toison se détache comme l'écorce d'une orange avant de tomber sur le sol. "Pourquoi tondeur ? Mon activité de berger m'a fait rencontrer beaucoup de professionnels, j'ai eu envie |
d'essayer à mon tour, tout naturellement". La formation de tondeur ne dure que trois jours, mais il faut des années avant d'en maîtriser la technique et réussir le défi de tondre une brebis en moins de trois minutes. Mais la tonte n'est pas qu'une histoire de rapidité, elle est un juste équilibre entre vitesse, coupe (la toison doit, idéalement, se détacher d'un seul bloc) et qualité du travail fini (esthétisme de l'animal). D'ailleurs, parvient-on un jour à une maîtrise parfaite du geste ? " Comme l'art ou le sport, la tonte est une recherche de perfection, et c'est ce qui fait la beauté de ce métier".
Après neuf années d'alternance entre les métiers de berger, de tondeur et plus récemment de contrôleur laitier, et près de 100 000 moutons tondus, Guillaume ne se lasse pas, de septembre à avril, de tondre ses moutons à travers toute la France. Plus qu'un métier, un véritable art de vivre.
Merci à Guillaume Dubourg, tondeur de moutons à St-Hélène-sur-Isère (73).
L'A.T.M. (Association des Tondeurs de Moutons) organise des stages de trois jours permettant d'aborder le b a ba de la méthode de tonte. Des stages plus spécifiques comme la tonte des chèvres mohair, des agneaux, la méthode aux forces ou l'entretien des peignes sont également organisés. Tous les renseignements sur : http://atm.tondeur.free.fr
Florence Gérard,pour Alp'Horizon Savoie et 123 Savoie, Chambéry - Août 2004
|
|