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Ils « sont » nos territoires de montagne

Ils « sont » nos territoires de montagne

 

Durant 2 ans, France Montagne a mené une opération avec Atout France et le talentueux photographe Alexander J Collins pour dénicher les meilleures personnes de nos territoires de montagne capables d’en parler avec passion. Voici leurs histoires…

© Alexander J Collins

 

 

Antoine Diet

Entraîneur de la session freeski de la vallée des Belleville et copropriétaire de « Le Crewzer », bar et burgers à Val Thorens

Photos : © Alexander J Collins

« Quand j’étais petit, j’avais l’impression d’être le garçon le plus chanceux du monde. Je skiais tous les jours et le temps semblait extensible. Quand il y avait de la neige  fraîche, j’allais à l’école en luge. Je sautais de mon balcon dans la neige et allais retrouver mes amis.

La vie est simple ici, de la meilleure des façons. Vous pouvez vivre de votre passion. Je skie depuis mon plus jeune âge et j’étais moniteur de ski dès l’âge de 17 ans. J’ai été prorider en freestyle et freeride pendant quelques temps mais j’ai raccroché pour laisser la place à la génération suivante.

En effet, j’enseigne désormais le freestyle aux enfants et prend beaucoup de plaisir à partager mon expérience avec eux et à skier ensemble. Je gère « Early Camp », un programme de freeski dans la vallée de Belleville, à Val Thorens, Les Menuires et St Martin de Belleville.

C’est l’une des plus importantes formations d’entraînement de ce type dans les Alpes et nous accueillons ici certains des meilleurs espoirs de France, pour leur apprendre de nouvelles figures et pour peaufiner celles qu’ils maitrisent déjà.

Quand j’étais petit, j’avais l’impression d’être le garçon le plus chanceux du monde. Je skie depuis mon plus jeune âge…

Montrer aux enfants comment poser leurs premiers backflips est une grande fierté pour moi. Quand j’étais enfant, je n’avais pas vraiment d’entraîneur ni de soutien. Aujourd’hui, c’est génial de voir comment les choses ont évoluées.

Le jour, j’enseigne le freestyle, mais le soir, je prépare des hamburgers et je vends de la bière dans mon nouveau bar, Le Crewser. Je l’ai monté avec des amis et l’ambiance est particulière et détendue, notamment car nous sommes tous des locaux. Notre établissement est populaire auprès des meilleurs freeriders et snowboarders de Val Thorens, et nous aimons aussi accueillir de nouveaux visiteurs.

 

 

Brice Le Guennec

Snowboarder professionnel et co-fondateur de la brasserie du Galibier à Vlloire

Photos : © Alexander J Collins

« Les Alpes changent constamment et sont une source d’inspiration permanente. Les saisons se suivent mais ne se ressemblent jamais ; aucun paysage ou moment n’est jamais identique. Seuls les cœurs de pierre ne seraient pas émus ou influencés par la nature puissante que nous avons en montagne.

Valloire a été l’une des premières stations de ski en France. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis mais elle n’a jamais complètement cessé d’être un village agricole. Vous pouvez toujours vous rendre dans les fermes locales pour acheter du lait et du fromage, et il n’est pas rare de voir des vaches, des chèvres et même des lamas autour de chez soi. Ce merveilleux mélange de moderne et de traditionnel rend notre territoire spécial et unique.

La première fois que les Championnats de France de snowboard ont eu lieu à Valloire, je me suis dit : « c’est ce que je veux faire ». Quelques années plus tard, c’est exactement ce que j’ai fait. Je suis devenu snowboardeur professionnel. Ce n’était pas facile, mais le désir de vivre en montagne en permanence et de vivre ma passion était fort et je savais que je devais faire la maximum pour que cela fonctionne. Aujourd’hui, je dirige la brasserie du Galibier à Valloire, à 1 450 mètres d’altitude. Je crée de nouvelles saveurs et de nouvelles textures de bières aux côtés de personnes avec lesquelles j’ai grandi, les meilleurs amis de mon enfance. Nous étions tous ensemble à la crèche.

J’étais membre de l’équipe de France de snowboard de 1996 à 2002. En 2000, j’étais aux États-Unis quand je me suis blessé. C’était une période difficile et solitaire, mais de cette solitude ont germé l’idée de créer une brasserie à Valloire. Il a fallu de nombreuses années avant que cela devienne réalité. J’ai fait des stages dans des brasseries, j’ai été formé, c’est devenu une passion. Mais un facteur était essentiel : rester à Valloire. Nous avons une qualité d’eau parfaite ici, nous avons donc pu produire une bonne bière maison.

Les montagnes ne cessent de me surprendre. Elles évoluent, elles se transforment, elles apportent de nouvelles expériences…

En 2010, nous avons enfin ouvert la brasserie. Nos bières sont brassées de manière traditionnelle et artisanale. Elles sont fabriquées à partir d’eau de source locale, provenant des glaciers, et des meilleurs malts d’orge et de blé du marché. Nous utilisons du houblon rare et rigoureusement sélectionné, ainsi que des levures uniques spécialement cultivées pour notre marque Galibier. Pour conserver la saveur originale de nos bières, nous n’ajoutons ni conservateurs ni dioxyde de carbone.

Les montagnes ne cessent de me surprendre. Elles évoluent, elles se transforment, elles apportent de nouvelles expériences. J’apprends de nouvelles choses sur elles et sur moi-même tous les jours. En descendant en voiture dans la vallée un jour sombre et brumeux en octobre dernier, deux chiens sont apparus soudainement sur la route. Au moment où mon ami et moi sommes sortis pour les déplacer, deux autres sont apparus. En nous rapprochant, j’ai réalisé qu’ils étaient en réalité des loups. Une mère dominatrice et trois petits affamés. Puis, en un clin d’œil, ils ont disparu aussi vite qu’ils sont arrivés.

La vie en montagne n’est jamais la même, son rythme passe de très calme à très rapide en un souffle. Ce changement perpétuel est très spécial et précieux. C’est quelque chose que nous essayons toujours d’atteindre à la brasserie : l’évolution. J’aime créer de nouvelles bières et de nouvelles saveurs et permettre à nos clients de les découvrir. Dans la vie, tu dois continuer à t’adapter, et j’adore ça, tout comme les montagnes n’ont jamais le même visage mais je les trouve toutes belles ».

 

 

Christelle Combépine

Propriétaire du téléski de la Turche aux Gets

Photos : © Alexander J Collins

« Je travaillais dans le domaine de la finance en Suisse, mais j’ai tout abandonné pour reprendre ce téléski. C’est une lutte pour préserver le patrimoine que nous avons ici, l’esprit de la montagne d’un autre temps, et c’est un combat extrêmement important pour moi et ma famille.

Le Téléski de la Turche a été créé en 1946 par mes grands-parents Georges et Denise Combépine et il appartient toujours à notre famille. Quand j’étais bébé, mon berceau était dans le bureau proche du téléski et j’ai passé mon enfance à jouer dans la montagne pendant que mes grands-parents travaillaient ici. Un soupçon de romance et de romantisme entoure notre téléski et la montagne environnante, ce qui rend cet endroit spécial.

Mon grand-père mettait deux par deux les skieurs célibataires qui attendaient dans la file spéciale pour eux afin de créer des paires pour monter au téléski, puis sa voix retentissante résonnait dans les haut-parleurs : « Messieurs, embrassez votre cavalière !« . C’était l’ancêtre du speed dating actuel ! Beaucoup de gens ont trouvé l’amour ici ! De nouvelles relations sont nées et les relations existantes ont été renforcées. Les skieurs découvrent cet endroit incroyable tout droit sorti d’un film en noir et blanc. Il est figé dans le temps et chargé d’histoire à une époque où il y avait tant d’authenticité et de passion pour les débuts de la glisse.

Je gère l’une des dernières remontées mécaniques privée de France et la toute dernière aux Gets…

La Turche reçoit environ 1000 skieurs par jour et chacun d’entre eux utilise un skipass en papier similaire au skipass utilisé lors de la première ouverture du téléski, les clients l’aiment beaucoup et sont très sensibles à notre histoire ! Mis à part quelques modifications pour le moderniser et le mettre aux normes, le téléski a gardé l’apparence qu’il avait à l’origine, un vrai shoot de nostalgie !

Notre remontée mécanique familiale est emblématique du quartier de La Turche. Mais sa renommée dépasse largement nos frontières. Les moniteurs de ski de l’ensemble du domaine des Portes du Soleil viennent souvent avec leurs clients faire une pause ici et nous les accueillons avec une musique entraînante des années 80 et un petit verre de vin blanc.

 Mon grand-père a également créé l’école de ski des Gets et laissait les habitants du secteur et les membres de l’école de ski prendre le téléski gratuitement. Nous avons toujours œuvré pour maintenir cette proximité avec la communauté locale. J’aime voir quotidiennement des visages familiers et de nouveaux visages aussi ! Un petit conseil si vous visitez les Gets, ne manquez pas le Musée de la musique mécanique. De merveilleuses œuvres complexes y sont exposées. Mes préférées sont les fines hirondelles en bois sculptées par les mains des alpinistes.

Complétement de l’autre côté, vous pouvez vous rendre au sommet du Mont Chery, où vous pourrez admirer le magnifique profil du Mont Blanc. La région autour des Gets est le berceau de ma famille depuis plus de 70 ans. Nous avons utilisé en conscience les ressources fournies naturellement par les montagnes pour nous assurer une vie dans le respect du développement durable sur trois générations. Mon père Pierre, ma sœur Virginie et moi nous sommes battus pour préserver le téléski et son patrimoine afin que l’aventure puisse continuer ».

 

 

Enak Gavaggio

Champion de ski freeride aux Arcs

Photos : © Alexander J Collins

« Avoir un moment à soi en faisant du ski ou du snowboard est une sensation fantastique. Vous pouvez sentir la force de la neige en dessous de vous et vous sentir soit comme la personne la plus forte sur la terre, soit comme la plus vulnérable. Tout le monde peut en faire l’expérience.

Les montagnes autour des Arcs sont incroyables car elles sont très variées. Quelle que soit votre humeur, vous vous sentirez mieux. Je suis arrivé ici il y a 20 ans et je n’ai plus voulu en repartir. Nous sommes entièrement entourés par les montagnes ici. J’aime être dans la vallée, prendre mon petit déjeuner en regardant les sommets. J’aime aussi être presque au sommet, me détendre dans un restaurant d’altitude, regarder au loin.

Je sais que j’ai un travail inhabituel. Avec mes tournages de films de ski, mes médailles aux X-Games et lors d’autres compétitions, le public voit le résultat et l’image mais pas tout le travail en amont. On dirait que je suis tout le temps en vacances, mais ce n’est pas du tout ça. Vivre sa passion est en réalité un travail difficile : le stress, les défis en cours de route et le fait de devoir repartir de zéro chaque année…. Mais naturellement, je me considère comme une personne très privilégiée parce que j’ai un travail que j’apprécie vraiment. Je me sens très chanceux.

Vous n’avez pas besoin d’être un skieur professionnel, un moniteur ou un guide pour profiter de la puissance des montagnes…

La particularité de nos emplois est que nous essayons tous de raconter l’histoire de nos montagnes. Mais personne n’a la même histoire. Les montagnes inspirent différentes personnes de différentes manières. Nous vivons au cœur d’un monde en constante évolution, et c’est au contraire rassurant.

Je connais ces montagnes par cœur, mais elles peuvent toujours vous surprendre. À plusieurs reprises, je suis parti à la recherche d’un nouveau spot ou pour checker l’état de la neige et je me suis complètement perdu. Cela fait partie de la magie de la montagne, plus importante et conséquente que nous à notre niveau. Les endroits difficiles à atteindre font néanmoins partie de mes endroits préférés car ils me permettent de couper avec mon quotidien et de me ressourcer seul.

De temps en temps, je pars à la recherche d’une descente particulière à faire en skis, dans un secteur assez éloigné et je croise quelqu’un que je n’ai jamais rencontré auparavant. C’est comme si deux meutes de loups se rencontraient. J’ai tellement de questions : «Sont-ils comme moi ? Comment ont-ils trouvé cet endroit ? Où vont-ils ? », et je suis sûr qu’ils me posent les mêmes questions à mon sujet !

Nous sommes liés à la terre, conçus pour marcher ; nous voyons le monde à hauteur d’homme. Mais pour vraiment apprécier et comprendre la montagne, je pense qu’il est encore mieux de la voir d’en haut. Donc, tout le monde devrait faire du parapente. Il n’y a pas une seule chose qui me retient aux Arcs depuis tout ce temps, mais une multitude. Les gens, la montagne, l’ambiance, le terrain de jeu, le climat… Il existe une alchimie spéciale très spécifique à ce territoire ».

 

 

Marc Gostoli

Fondateur d’Antenne Handicap, la Plagne

Photos : © Alexander J Collins

« Ma famille s’est installée à la Plagne l’année de ma naissance pour ouvrir le premier magasin de sport de la station. J’ai grandi dans ce lieu magnifique et y ai passé toute ma vie. Vivre un peu coupé du monde au milieu des montagnes entretient la créativité. La plupart des commerces sont situés en vallée, il faut donc adapter ses conditions de vie.

Vous nouez des liens étroits avec les gens qui vous entourent et la communauté fait preuve d’une grande solidarité. Je suis passionné de mécanique et cela se voit dans mes premières inventions : j’ai conçu et réutilisé beaucoup de vieux équipements de montagne pour enfin réaliser mes projets. Pour moi, mon travail est définitivement le fruit de la vie en montagne.

L’environnement a certainement façonné mon caractère, mais avec le temps, vous devenez plus sûr de vous. Il y a 10 ans, un grand garçon de plus de 2 mètres est entré dans mon bureau, il cherchait du travail. Jusque-là, il n’avait entendu que ma voix au téléphone, mais lorsque nous nous sommes rencontrés, il a été surpris car il croyait que je pouvais être plus grand que lui à cause de ma voix posée et de la confiance que je semblais avoir au téléphone.

Ce que j’aime dans cette vie, c’est de pouvoir partager ma joie du ski avec des personnes qui n’auraient jamais espéré la vivre. Voir le bonheur d’un garçon en fauteuil roulant découvrir qu’il peut skier debout est vraiment incroyable. Il y a tant d’optimisme et de positivité chez les gens qui viennent me rendre visite.

J’ai eu la chance d’être né dans la neige. J’ai grandi dans ce lieu magnifique et y ai passé toute ma vie…

Les Jeux Olympiques d’hiver m’ont beaucoup influencé, comme ils ont influencé la région. À la Plagne, nous avons une piste de bobsleigh datant des Jeux de 1992 que les visiteurs peuvent désormais essayer. Les Jeux d’Albertville étaient également les premiers Jeux Paralympiques, et c’est là que ma vie a changé.

En 1995, j’ai créé l’association Antenne Handicap à la Plagne. L’une de mes principales réalisations a été le « Trottiski », une machine qui reproduit mécaniquement les huit mouvements essentiels au ski. Il a été initialement créé pour permettre aux skieurs handicapés de skier debout. Je voulais vraiment m’assurer que les skieurs handicapés puissent ressentir les mêmes sensations que les skieurs non handicapés. Je voulais repousser les limites de leur handicap et, surtout, les aider à être aussi indépendants que possible en montagne ».

Après une analyse approfondie de la technique du ski, j’ai réalisé que le « Trottiski » pouvait également être utilisé par des débutants afin qu’ils puissent apprendre par la perception plutôt que par la mimique. Certaines écoles de ski ont déjà commencé à utiliser ce concept. J’ai également demandé aux skieurs de la European Cup de tester la machine et ils l’utilisent maintenant pour ajuster la position de leur corps. Une version freestyle et une version freeride en cours de développement. J’espère que cette invention sera à la hauteur de l’invention de la télécommande de télévision conçue à l’origine pour les utilisateurs handicapés mais qui est maintenant utilisée par tout le monde !

L’une de mes dernières inventions est une chaise de secours qui révolutionne l’utilisation du traîneau traditionnel utilisé par les pisteurs secouristes. Et j’ai également créé une sorte de brouette à neige pour transporter de la nourriture ou du matériel.

Par temps clair, on peut apercevoir le Mont Blanc à l’horizon et je sais que la journée sera belle et enrichissante. Je ne peux pas imaginer un lieu de travail plus inspirant.  Mes amis disent en plaisantant que je suis toujours en mouvement, ils m’appellent « M. 2000 volts » ! Je skie en mangeant, je réponds au téléphone en courant, si vous passez une journée avec moi, vous apprendrez à faire beaucoup de choses en même temps. C’est également ainsi que cette station est née, avec beaucoup de gens faisant beaucoup de choses en même temps !

 

 

Marion Gouwy

Snowboardeuse professionnelle et architecte, Peyragudes

Photos : © Alexander J Collins

« Quand j’ai découvert Peyragudes (Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne en région Occitanie, à proximité du col de Peyresourde), j’ai commencé à voir le monde différemment en contemplant cette vallée pyrénéenne sauvage qui contrastait parfaitement avec ma ville natale, Toulouse.

Actuellement, je travaille comme architecte à Toulouse du lundi au vendredi. Je suis à Peyragudes le week-end mais la station a toujours une grande influence sur ma semaine de travail. J’envisage les bâtiments comme des montagnes. Je pense aux façons d’intégrer des éléments naturels avec lesquels j’ai une affinité particulière à mes conceptions architecturales. J’utilise des matières premières locales telles que la pierre pour que mes bâtiments s’inscrivent dans le temps. Je suis inspiré par la permanence des montagnes, le sentiment qu’elles auront une existence éternelle.

J’ai commencé le snowboard à Peyragudes à l’âge de 15 ans. Ce fut l’une de mes premières expériences en montagne et une façon idéale d’explorer et d’apprécier pleinement la beauté de la région. Durant ces premières années, j’ai participé à des compétitions internationales en boardercross, puis en slopestyle, ce qui m’a permis de parcourir le monde. Maintenant, quand je fais du snowboard, je préfère chercher des sauts naturels dans la poudreuse.

Les montagnes qui m’entourent possèdent des pouvoirs inestimables et insoupçonnés. Elles ont changé ma vie…

Je ne peux pas regarder ces montagnes sans dessiner mentalement sur celles-ci les lignes que je voudrais faire en freeride. Je les divise en sections comme si je travaillais sur un plan architectural complexe. Ma face préférée est la face nord du Cap des Hittes. Elle est située en face de ma maison et j’y ai fait mes premières armes en freeride. Il est facile d’y accéder depuis Peyragudes et la neige y est si bonne. La saison hivernale est officiellement lancée quand il est possible de skier sur cette face. Donc dès le mois d’octobre, je ne peux la quitter des yeux en attendant.

Au top de ma carrière de snowbaordeuse professionnelle, j’ai eu une grave blessure qui m’a obligé à m’arrêter quelques temps. J’ai dû apprendre à aimer les montagnes d’une manière différente et à y être différemment active, ce qui m’a conduit au parapente. Voler seule avec juste un petit bout de tissu et quelques cordes m’a donné une perspective différente des montagnes environnantes. J’ai découvert l’air, le vent et tous les mouvements invisibles qui nous entourent. Tout un monde dont je n’avais jamais entendu parler.

Techniquement, le parapente ne nourrit pas ma pratique du snowboard. Mais psychologiquement, cela m’aide beaucoup. J’apprends à gérer le stress et à pratiquer l’auto-analyse, ce qui est très utile pour les compétitions de snowboard et pour gérer ma progression tout au long de l’hiver. Les habitants des Pyrénées sont géniaux. Bien sûr, ils ont ce tempérament latin expressif, mais ils sont aussi chaleureux et vraiment fiers de leurs montagnes.

Peyragudes donne le rythme de ma vie et me fournit l’équilibre dont j’ai besoin. Les aventures en plein air que je vis ici sont comme une respiration. J’en ai besoin pour vivre. J’ai besoin de glisser sur les pentes enneigées, de survoler les sommets, d’explorer les forêts et de passer du temps avec des amis d’ici, aussi souvent que je peux.

J’ai beaucoup d’humilité et même d’affection pour la météo en montagne, que je célèbre au quotidien tant la vie sur place en dépend. Lorsque le ciel décide qu’il est impossible de monter à cheval, de rider ou de faire de la randonnée, je regarde les montagnes par la fenêtre depuis le confort de mon intérieur. Mes montagnes locales sont ma télévision et l’émission est toujours incroyable ».

 

 

Samantha Rolland

Agricultrice et fromagère, Pralognan-la-Vanoise

Photos : © Alexander J Collins

« Mon mari est un cultivateur qui est né et a grandi en Savoie. Je tente de me comporter comme un cultivateur qui serait né et aurait grandi en Savoie ! Globalement, il vous suffit de travailler le plus durement possible, puis encore un peu plus durement. Ce travail peut être très difficile, mais je me sens connecté à la terre et vous ne pouvez tout simplement pas avoir ce sentiment dans un bureau. Nous vivons au rythme des saisons avec nos animaux, toute notre vie dépend des saisons et du temps qu’il fait. L’été et l’hiver sont complètement différents et j’adore les regarder se dérouler et façonner nos vies, Vous devez vraiment respecter les saisons en montagne – vous êtes complètement à leur merci.

Les gens qui viennent ici sont émerveillés par les couchers de soleil, par les montagnes et par les belles vaches dans les champs. Rien de tel que de marcher dans l’air vif après une nuit où la neige est tombée abondamment pour aller acheter votre pain. C’est un sentiment de plénitude, entouré et guidé par la nature.

Vous ne pouvez pas apprendre à devenir agriculteur. Soit vous l’êtes au plus profond de vous, soit vous agissez simplement comme tel…

Je faisais les vendanges dans la région suisse de Lavaux lorsque j’étais étudiante quand un beau cueilleur nommé Pierrick m’a tapé dans l’œil. Nous nous sommes mariés un an plus tard. J’ai épousé  non seulement un nouveau mari, mais aussi une nouvelle maison et une nouvelle vie que je mène désormais depuis plus de 20 ans. Mes amis disent que je suis comme un courant d’air, toujours en mouvement, jamais immobile. Je cherchais des racines, que j’ai trouvées ici dans les montagnes. En tant qu’agriculteur, Pierrick a toujours été ancré à la terre et je me suis ancrée ici aussi.

Quand j’ai commencé à fabriquer du fromage Beaufort il y a 20 ans, il n’y avait qu’une seule femme qui en produisait. La première année, tous les agriculteurs et les détaillants de fromages du coin sont venus m’espionner, moi et mes fromages. Ils ont secrètement pris des échantillons dans les caves à fromage, car ils ne croyaient pas que je savais ce que je faisais. Mon fromage était plein de trous, mais pas à cause des souris. Au cours des 20 dernières années, ils se sont rendu compte que je pouvais vraiment faire du bon fromage !

Ma vie est un peu inhabituelle en ce moment. Je me lève pour faire du yaourt tous les jours à 4h du matin, avant de préparer mes enfants pour l’école, puis je suis au magasin, puis je rentre chez moi pour ma vie de famille et je recommence cela à zéro le lendemain. Notre routine change au fil des saisons, ce que j’aime beaucoup. Mon moment préféré est celui où une saison cède la place à une autre. Un cycle se termine et un autre commence, nous avons donc une renaissance complète tous les quelques mois.

J’aime l’équilibre que nous avons à Pralognan-la-Vanoise. Je peux développer mon entreprise avec des stratégies et des plans commerciaux, comme un PDG, tout en restant réaliste et connecté à la terre, en effectuant un travail manuel très élémentaire.

Notre village est au cœur de la nature préservée mais c’est aussi une station de ski. Cela signifie que le monde vient à nous et que nous rencontrons toujours différents types de personnes. Je fais également partie du conseil municipal, ce qui m’a aidé à rester connecté au monde citoyen, sans avoir à vivre dans une ville surpeuplée et très animée. Mes enfants ont la chance de grandir avec cet équilibre. Leur monde est l’agriculture et fait partie du tissu d’un petit village. Mais ils vont aussi devenir bilingues comme je suis d’origine multiple et très ouverts sur le monde ! »

 

 

Thierry Thorens

Cuisinier sculpteur à Morzine

Photos : © Alexander J Collins

« J’ai appris mon métier dans certaines de grandes maisons avec d’incroyables chefs, notamment Paul Bocuse, dont le restaurant lyonnais est classé trois étoiles Michelin, un gage d’excellence incroyable. Mais mon amour de la cuisine vient de ma mère. Elle m’a appris des recettes et des secrets transmis de génération en génération en Haute-Savoie, qui ne figurent pas dans un livre de recettes ou un blog gastronomique : comment cuire au mieux un cochon noir ou faire une mousse au brochet, par exemple.

Ma mère et mon père ont ouvert le premier restaurant de Morzine en 1969. Ils servaient des crêpes aux familles de skieurs affamées au retour du ski. Quelques années plus tard, ils ont ouvert le Club Chamade, un endroit très festif où l’on pouvait manger des pizzas au feu de bois à la lueur d’une bougie.

Avec une histoire comme celle-ci, il était parfaitement logique pour moi et mon épouse Valérie, d’ouvrir un restaurant à Morzine : La Chamade. J’essaie de faire en sorte que la carte proposée reflète les valeurs de ma région tout en restant inventif et contemporain. Nous proposons à la fois une expérience gastronomique, mais aussi un lieu qui peut accueillir des artistes, des locaux, des vacanciers….

Mon quotidien est bien occupé à gérer le restaurant et mes amis plaisantent toujours à propos de mon manque de temps libre, mais je ne changerais rien, je fais ce que j’aime dans un endroit que j’aime, alors je n’ai pas l’impression de travailler. Quand je ne fais pas de cuisine, je sculpte, écris ou cueille des fleurs et des plantes sur les sentiers de montagne à Morzine et dans le Chablais.

Mon attachement aux montagnes de Morzine vient de mon enfance passée ici. Je parcourais les pâturages avec les troupeaux, ce que je fais parfois encore aujourd’hui…

La façon dont les montagnes évoluent naturellement a une énorme influence sur mon travail. La montagne forme les matières premières avec lesquelles je travaille, que ce soit la viande ou les légumes avec lesquels je cuisine, ou le bois pour mes sculptures qui ornent le restaurant. Il n’existe pas un élément que j’utilise qui ne soit défini par cet environnement.

C’est la même chose avec les changements de saison. Travailler en suivant le fil des saisons est pour moi une source d’inspiration régulière. Le printemps est sans aucun doute le visage de la montagne qui m’attire le plus, après les difficultés de l’hiver, car il est merveilleux de voir les jeunes pousses, les animaux et les fleurs s’épanouir à nouveau.

L’un des souvenirs les plus curieux que j’ai eu au printemps est de d’être devant le restaurant et de voir un écureuil traverser la rue en empruntant un passage clouté ! Tout le monde s’est arrêté et a attendu, puis la vie a continué normalement. J’avais l’impression d’entrer dans une sorte de réalité alternative.

J’aime utiliser cette temporalité saisonnière pour aider nos clients à découvrir le patrimoine de Morzine à travers nos produits locaux. En échangeant avec les commerçants, les visiteurs peuvent découvrir la riche histoire et la culture de la région.

J’admire l’évolution de cette station depuis toujours : la façon dont un village agricole s’est transformé en commune touristique pour permettre à ses habitants de rester. Et notre restaurant, en quelque sorte, fait écho à cela. Il évolue constamment avec les saisons et son environnement pour offrir une expérience changeante. Si vous avez déjà dîné une fois chez nous, ce sera différent la prochaine fois ».

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1 commentaire

savoyards aux Emirats I Ils “sont” nos territoires de montagne 16 avril 2019 - 11 h 08 min

[…] © Alexander J Collins pour decouvrir les portraits https://www.123savoie.com/ils-sont-nos-territoires-de-montagne/ […]

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